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Communiqué de Luca - Billy - Bernasconi
Déclaration au sujet de sa grève de la faim anti-WEF, 15 janvier 2012
La prison nous sépare physiquement des luttes. Elle nous isole de nos êtres chers et de la complicité quotidienne de nos chemins de lutte, nous privant de nos propres désirs. Cependant, elle ne réussi pas à les enlever de notre tête, ni à enlever le combat de notre esprit. Au contraire, la rage et la haine que nous ressentons contre ces murs et nos geôliers les enracinent davantage dans notre âme, dans notre chair.
La pensée devient encore plus captivante qu’à l’extérieur: ‘que puis-je faire?’ Par conséquent, quand surviennent des occasions de participer dans des mobilisations à l’extérieur depuis l’intérieur de ces murs, c’est vécu comme bien plus que quelque chose de symbolique. C’est un moment que je saisi et que je fais fondamentalement mien, au fond de mon coeur où aucun garde, aucun flic, personne d’autre dont l’intention est d’abuser de son pouvoir, ne devrait être autorisé à poser ni la main, ni l’oeil. Là, à l’intérieur de nous, où rien n’est symbolique mais tout est tension.
Les dirigeants de différentes sortes d’empires (hommes politiques et entrepreneurs, des ressousrces financières médiatiques et spirituelles) se retrouveront cette année au World Economic Forum (WEF) à Davos. Là, ils vont s’opposer sur différents sujets afin de tracer de nouveaux modèles qui arrimeront encore plus profondément leurs propres privilèges et leur permettront de devenir plus riches. Parmi ces sujets, un qui ressort est celui relatif ‘aux nouveaux modèles technologiques sociaux’ et, plus exactement, ‘à la prochaine vague d’innovations technologiques, en particulier dans les sciences de la vie, dans la nanotechnologie, dans l’intelligence artificielle’.
Il est bien connu que les temps de crise sont des périodes très propices pour l’élite au pouvoir pour forcer des passages qui étaient jusque-là impraticables, mettant de ce fait en place des changements qui autorisent le système à encore mieux consolider son autorité sur la vie de tout le monde. Les crises sont, en fait, ce dont le système a besoin pour se rénover en soi et le monde autour de lui.
A l’heure actuelle, un problème qu’ils nous font percevoir avec une continuité épuisante ne concerne pas tant le changement climatique (cela, pour certains, est une tromperie, alors que les grosses sociétés, en dépit d’une tenue plus verte, ne s’intéressent pas plus à la planète que pour la considéré comme un instrument à exploiter afin de protéger leurs affaires) que la nécessité de découvrir des innovations pour perpétuer cette société merdique; en éliminant ou en retardant ses aspects négatifs les plus visibles tels que les déséquilibres écologiques et leurs conséquences dans le changement du climat, ou la prolifération des maladies qui stigmatisent notre santé.
Par conséquent, un tournant est arrivé pour eux, dans lequel ils suggèrent un acte de renouvellement qui garantira la perpétuation du système d’exploitation actuel en plus des déséquilibres et des iniquités qui ont été accumulées toutes ces années, surtout depuis la dernière après-guerre. L’objectif n’est pas de les résoudre, parce que pour réellement résoudre les déséquilibres produits, il serait nécessaire de questionner le système lui-même dans son fonctionnement fondamental. D’une manière beaucoup plus simple et rusée, ils sautent à deux pieds par-dessus, transférant la production de nocivité à de nouveaux niveaux plus complexes et submergés qui ne peuvent aussi facilement être associés au système duquel nous dépendons et sa dynamique fondamentale de production.
En ce sens, les nanotechnologies et les biotechnologies ont plusieurs aspects très prometteurs, et il en va de même pour chaque aspect ou secteur productif du système techno-industriel dans lequel nous vivons. Ils en parleront à Davos parce qu’au WEF, les ‘gros’ industriels et les entrepreneurs mondiaux peuvent rencontrer des ‘grands’ scientifiques et des pionniers du secteur de la haute technologie desquels ils s’inspirent, puis plus tard partager un verre avec de ‘gros’ donateurs afin de les convaincre d’investir et par la suite bavarder avec une autorité gouvernementale (ou non-gouvernementale, les rôles se troublent souvent) pour leur illustrer la qualité des développements et des recherches à venir. Le moment à Davos est un moment privilégié. C’est là où les propriétaires de ce monde et leurs complices (scientifiques et médias) s’inspirent à l’égard de nouvelles stratégies partagées (entre eux) pour leur enrichissement, la défense de leurs privilèges et leur domination, confirmant naturellement la tendance de ces dernières années à un sens de responsabilité sociale et environnementale (une façade).
En fait, concernant les nanotechnologies, une des questions clés durant les sessions à Davos considéreront comment exactement ‘comprendre tous les dangers avant que des conséquences imprévisibles ne touchent le soutien public pour la recherche nanoscientifique d’une manière négative’.
C’est clair, n’est-ce pas? Ils ne sont pas inquiets de la nocivité qu’elles incluent, mais que les gens continuent à considérer leur promotion comme un miracle de la science; et de ne pas même contrarier les avis des gens jusqu’à ce qu’ils les refusent, comme cela s’est déjà passé (et continue à se passer) avec les biotechnologies dans le domaine alimentaire puisque leur développement pourrait être déterminant pour la rénovation du système dans les faits, et lui donner une façade plus respectable, qui, par conséquent, le rendrait plus dominant. Et ceci arrive grâce à cette crise.
Afin de participer aux luttes extérieures depuis l’intérieur, au cours de la semaine du WEF, du 20 au 29 janvier, je m’abstiendrai de nourriture pénitentiaire et de travail, qui est obligatoire ici. Ce refus est également destiné à être une réponse à l’isolement récent de Silvia dans la section psychiatrique de la prison pour femmes de Hindelbank, aussi bien qu’à la décision des autorités pénitentiaires de ne pas accorder les visites d’amis et de camarades sans une vitre de séparation, et en soutien à Marco Camenish, dont l’audience concernant la décision quant à sa libération conditionnelle aura lieu dans les prochains mois (mai 2012).
Je profite de l’occasion pour renvoyer des étreintes de complicité et de solidarité aux camarades détenus en Grèce, au Chili (forza Tortuga!), au Mexique, en Russie, en Biélorussie, en Allemagne, en Espagne, aux Etats-Unis, en Grande-Bretagne et partout dans le monde; aux camarade de Fuoriluogo en procès à Bologne, aux habitants de Florence et aux antifascistes de Cuneo, aux dissidents arrêtés ou inculpés au Val de Suse et à tous les gens qui luttent à l’intérieur et à l’extérieur des murs infâmes.
En provenance d’un camp de concentration de re-socialisation
Regensdorf
15 janvier 2012
Billy